Cotonou, Bénin, jeudi 5 juin 2025 : Alors que le Bénin se prépare pour des élections législatives et présidentielles cruciales en 2026, Paradigm Initiative (PIN), une organisation panafricaine de défense des droits numériques, a exprimé de vives inquiétudes face à la répression croissante en ligne dans le pays. Cet appel urgent a été lancé lors de l’édition béninoise du Digital Rights and Elections in Africa Monitor (DREAM) le 4 juin 2025, qui a mis en évidence les préoccupations croissantes concernant la censure en ligne, les perturbations de l’internet, la surveillance et la désinformation.
À la suite de ses échanges avec les parties prenantes du processus électoral béninois, PIN a exhorté les autorités à mettre en place des garanties numériques concrètes afin de garantir des élections ouvertes, sûres et transparentes. Les plateformes numériques jouant un rôle de plus en plus central dans la manière dont les électeurs s’informent et participent au débat public, les développements récents, notamment les arrestations pour des propos tenus en ligne, la surveillance opaque et les coupures potentielles d’Internet, constituent une menace pour la participation démocratique. Sans action immédiate, PIN a averti que ces violations des droits numériques pourraient nuire à la crédibilité du processus électoral.
« L’environnement numérique au Bénin devient de plus en plus hostile », a déclaré ‘Gbenga Sesan, directeur exécutif de Paradigm Initiative. « Des lois restrictives aux précédents cas de perturbation de l’internet pendant les élections, nous craignons que l’espace numérique ne soit à nouveau utilisé comme une arme pour étouffer la voix des citoyens en 2026. »
Depuis l’adoption du Code numérique en 2018, en particulier l’article 550 qui criminalise la diffusion de « fausses informations », des journalistes, des militants et des citoyens ordinaires ont été victimes d’arrestations et d’intimidations pour leurs expressions en ligne. Lors des élections précédentes, en 2019 et 2021, des coupures ciblées des réseaux sociaux et des perturbations de l’internet ont limité l’accès du public à des informations électorales essentielles.
La loi béninoise de 2009 sur la protection des données a créé l’Autorité nationale de protection des données (APDP), mais son application reste faible. Les organisations de la société civile ont exprimé leurs préoccupations concernant le manque de transparence des pratiques de collecte de données et l’absence de contrôle judiciaire des activités de surveillance. Ces tendances compromettent la participation civique, la liberté d’expression et la transparence électorale, en contradiction avec les engagements pris par le Bénin dans le cadre international, notamment la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et la Convention de Malabo.
Compte tenu de ce qui précède, PIN a formulé les recommandations suivantes :
Au gouvernement du Bénin :
- Garantir un accès ininterrompu à Internet et empêcher toute coupure ou blocage de contenu tout au long du processus électoral.
- Veiller à ce que les mesures de lutte contre la désinformation ne soient pas utilisées pour faire taire les voix dissidentes ou les critiques légitimes.
- Renforcer la transparence et le contrôle judiciaire des pratiques de surveillance numérique.
À la Commission électorale nationale autonome (CENA) :
- Fournir à toutes les parties prenantes un accès rapide et sans restriction à la liste électorale définitive.
- Veiller à ce que les outils numériques utilisés dans le processus électoral soient fiables, inclusifs et accessibles.
- Renforcer la formation du personnel électoral en matière de culture numérique et de protection des données.
Aux médias et aux journalistes :
- Respecter l’éthique professionnelle et éviter de publier des informations trompeuses ou incitant à la violence.
- S’engager dans des initiatives de vérification des faits et soutenir la culture numérique du public.
Aux organisations de la société civile (OSC) :
- Surveiller et documenter activement les violations des droits numériques pendant la période électorale.
- Plaider en faveur de réformes visant à aligner les lois nationales sur les normes internationales en matière de droits numériques.
Aux partenaires internationaux et aux plateformes technologiques :
- Soutenir les initiatives locales qui promeuvent les droits numériques par le renforcement des capacités et le financement.
- Collaborer avec les acteurs locaux pour élaborer des solutions adaptées au contexte qui permettent de lutter contre la désinformation sans porter atteinte aux droits fondamentaux.
Aux partis politiques :
- Assumer leurs responsabilités dans les campagnes en ligne, en évitant les discours de haine et la diffusion intentionnelle de désinformation.
- S’engager à un engagement numérique pacifique et constructif en signant des engagements publics promouvant une utilisation responsable des plateformes numériques.
Paradigm Initiative, pour sa part, s’est engagée à rester vigilante pendant cette période électorale. L’appel de PIN s’inscrit dans le cadre de son action plus large visant à protéger les droits numériques dans les cycles électoraux africains.
À propos de PIN
Paradigm Initiative (PIN) connecte les jeunes Africains défavorisés aux opportunités numériques et garantit la protection de leurs droits. Nous travaillons dans des communautés à travers le Nigeria depuis 2007 et à travers l’Afrique depuis 2017, acquérant de l’expérience, la confiance des communautés et une culture organisationnelle qui nous positionne comme une organisation à but non lucratif de premier plan dans le domaine des TIC pour le développement et des droits numériques sur le continent.
Grâce à nos bureaux régionaux au Cameroun, au Kenya, au Nigeria, au Sénégal, en Zambie, au Zimbabwe et au-delà, nous avons amélioré les conditions de vie de plus de 150 000 jeunes grâce à nos programmes d’inclusion numérique et de défense des droits numériques. Nos programmes comprennent un programme de formation aux compétences de la vie courante, aux TIC, à la préparation financière et à l’entrepreneuriat (LIFE), un atelier de préparation au numérique pour les jeunes et le programme LIFE at School club.
Nous avons également créé des plateformes en ligne qui éduquent et servent d’espaces sûrs pour signaler les violations des droits numériques. Ces supports comprennent des rapports, des courts métrages et des plateformes éducatives en ligne, notamment Ayeta, Londa et Ripoti.