Nairobi, Kenya – 26 juin 2025 : Paradigm Initiative (PIN) condamne fermement les restrictions imposées récemment aux médias et à Internet lors des manifestations du 25 juin au Kenya. La directive de l’Autorité des communications du Kenya (CAK) ordonnant aux diffuseurs d’interrompre la couverture en direct, ainsi que la suspension de Telegram et d’autres plateformes numériques, constituent une grave violation des droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information.
Cette tendance alarmante à la répression numérique n’est pas nouvelle. Le gouvernement kenyan a déjà coupé l’accès à Internet pendant les périodes d’examens nationaux de 2023 et 2024 et lors des manifestations #RejectFinanceBill de 2024. Il est désormais évident que le Kenya utilise les coupures d’Internet pour, entre autres, limiter l’accès à l’information pendant les manifestations, une mesure contraire aux normes internationales en matière de droits humains.
La dernière coupure enfreint également directement une injonction de la Haute Cour rendue le 14 mai 2025, qui interdit toute ingérence dans l’accès à Internet et à des plateformes telles que Telegram. En outre, le 25 juin 2025, la Haute Cour a rendu une deuxième décision critique, déclarant que l’Autorité des communications n’avait pas le pouvoir légal d’imposer des ordonnances de silence aux médias. Ces décisions soulignent la position claire du pouvoir judiciaire selon laquelle de telles directives sont inconstitutionnelles et portent atteinte aux libertés protégées.
La censure des plateformes numériques porte atteinte aux articles 33, 34 et 35 de la Constitution du Kenya, qui garantissent les droits à la liberté d’expression, à la liberté des médias et à l’accès à l’information. Ces mesures violent également les normes internationales, notamment l’article 9(1) de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et l’article 19(2) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).
En outre, le principe 38(2) de la Déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples stipule que « les États ne doivent pas perturber l’accès à l’internet et aux autres technologies numériques pour des segments de la population ou pour l’ensemble de la population, ni tolérer de telles perturbations ».
À ce titre, Paradigm Initiative demande ce qui suit :
- Le gouvernement du Kenya annule sa décision de bloquer l’accès à Telegram et à toute autre plateforme de médias sociaux et accorde immédiatement l’accès à Internet.
- Le gouvernement doit s’abstenir à l’avenir de tout comportement de ce type qui viole la liberté d’expression et l’accès à l’information.
- Le gouvernement doit se conformer pleinement à la décision du 14 mai interdisant toute ingérence dans l’accès à Internet et à Telegram, ainsi qu’à l’arrêt du 25 juin déclarant inconstitutionnelles les restrictions imposées aux médias par l’Autorité des communications, qui violent la liberté des médias.
– FIN –