Environ 3,6 millions de Togolais sont attendus aux urnes le 22 février 2020 pour le premier tour de l’élection présidentielle au Togo. Sept(7) candidats, dont le président sortant Faure Gnassingbé, sont en lice pour cette compétition électorale.
Le président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 après avoir succédé à son père, est candidat pour un quatrième mandat dans un contexte de tension passive. En mai 2019, les députés togolais avaient voté une révision constitutionnelle qui permettait non seulement à Faure Gnassingbé de se représenter en 2020 et 2025, mais aussi de bénéficier d’une immunité à vie « pour les actes posés pendant les mandats présidentiels ».
Plusieurs partis d’opposition et des responsables de la société civile, dont les évêques du Togo, ont demandé le 13 novembre 2019 la « suspension » du processus électoral et l’ouverture d’un dialogue avec le pouvoir pour permettre la recomposition de la Cour constitutionnelle. Cette proposition a été rejetée. Plusieurs Togolais voient en ce refus, une manœuvre du camp de Faure Gnassingbé pour se maintenir au pouvoir.
Craintes d’une fermeture d’internet pendant les élections
Le Togo a un taux de pénétration d’accès Internet de 6,8% (2017) et compte 3,687,036 d’utilisateurs Internet en 2019 selon Internet World Stat. Cinq (5) Fournisseurs d’Accès Internet à savoir Togo Telecom, IMET, CAFE, BIB et IDS opèrent dans le pays. Dans le contexte actuel de l’élection, plusieurs Togolais de l’intérieur et de la diaspora craignent une coupure d’internet susceptible d’entacher profondément le processus électoral. Ils craignent aussi une surveillance de l’internet et le contrôle des communications électroniques dans le pays durant cette période. Ces actions violant les droits numériques pourraient cibler principalement les autres candidats et les différents groupes politiques de l’opposition.
Des perturbations de la connexion d’Internet avaient été enregistrées au Togo dans la journée du 22 janvier 2020. Ces perturbations avaient été justifiées par des « coupures multiples de liens internationaux au niveau du Portugal et de l’Espagne ».
Les populations craignent que la même excuse ne soit donnée pour expliquer d’éventuelles perturbations de la connexion Internet avant, pendant ou après le scrutin.
La réponse des organisations de défense des droits numériques
En réponse aux craintes, Access Now, une organisation de défense des droits numériques et ses partenaires, donc Paradigm Initiative et plusieurs autres organisations de défense des droits de l’homme en ligne ont publié une déclaration collective interpellant le gouvernement togolais à s’engager à ne pas couper internet pendant les élections, mais aussi à abandonner tout projet de censure ou de contrôle de l’internet par des outils technologiques pendant cette période.
Des séquelles des coupures d’Internet
Le Togo n’a pas encore totalement oublié les séquelles des dernières violations des droits numériques et des libertés de l’internet dans des contextes politiques similaires. Selon le Rapport 2017 sur les Droits Numériques en Afrique de Paradigm Initiative, « les services Internet et de télécommunications au Togo ont été interrompus entre le mardi 5 septembre 2017 et le dimanche 10 septembre 2017 ». Le réseau Internet a été aussi perturbé le 19 septembre de la même année avec blocage des réseaux sociaux et de la messagerie mobile. Les fermetures d’internet de septembre 2017 étaient une réponse du gouvernement aux protestations des citoyens réclamant un changement démocratique profond dans le pays, après plusieurs décennies de contrôle de l’appareil politique par une même famille. Comme pour toute perturbation d’Internet, des impacts ont été signalés au Togo avec de graves conséquences sur la société. Access Now, avait évalué les pertes de 5 jours de fermeture d’Internet (du 5 au 10 septembre) au Togo à hauteur minimum de « 1,8 million de dollars, soit 300 000 $ par jour ».